Un musée ouvert le soir serait par-dessus tout une chose pratique, les ouvriers d’arts usuels y trouveraient les documents dont ils manquent ou qui ne sont pas à leur portée. Ils apprendraient aussi l’histoire de nos jours et s’inspirant des progrès réalisés par leurs devanciers, ils s’efforceraient de faire mieux, de faire du nouveau. J’ai entendu dire dans des milieux artistiques qu’un tel musée empêcherait toute originalité de se faire jour, en invoquant pour ainsi dire à l’ouvrier une formule spéciale. C’est là une objection sans valeur. L’originalité est une chose innée, un don de la nature, à l’éclosion duquel nul enseignement ne peut s’opposer. Mais voici, argument plus sérieux qu’on a opposé à l’excellente idée de Geffroy : vous allez donner à l’ouvrier, a-t-on dit, une mauvaise ambition; il voudra bientôt aborder les expositions où l’attendront de cruelles déceptions. Il subira, par ce fait, les pertes de temps et d’argent et bientôt, découragé, délaissera son métier. Et bien, non; il n’en sera pas ainsi, le Musée du soir n’inspirera pas à l’ouvrier l’idée de sortir de la sphère sociale, il le perfectionnera, voilà tout. Mais il aura l’avantage de disputer au cabaret des hommes dont le temps sera employé.