L’âme humaine est faite de nuances trop multiples pour qu’un seul homme puisse l’exprimer dans son unité universelle. C’est à ce sentiment que répond l’ardente curiosité de notre temps et ce respect de tout ce qui enrichit sa connaissance et sa conscience, les artistes moins que personne ne peuvent se dérober au désir de la collaboration universelle des maîtres.
Aussi grande soit l’œuvre d’un homme, elle n’est jamais qu’une partie de notre être et rien n’est plus stérile que de vouloir ignorer ce que toute créature douée d’une force émotive exceptionnelle a ajouté de force à la conscience humaine. Aussi qu’un nom ami se présente à l’esprit, un autre s’éveille et demande sa part de gratitude et de justice. Tout homme qui prétend extérioriser sa pensée sous quelque forme que ce soit, infirme par là qu’il y a des choses qui n’ont pas été dites, une voix qui n’a pas été entendue. De quelle imprudence serions-nous coupables et de quelle présomption si ce n’était la vérité même.