Mon cher Carrière,
Permettez-moi de vous appeler ainsi. J’ai entendu avec plaisir hier soir Monsieur Dolent me racontant votre conversation avec lui qu sujet de mon portrait. Nos plus grandes satisfactions d’artistes sont celles qui viennent directement de l’art. Et votre estime de votre part, vous, grand artiste, m’est particulièrement sensible. Qu’importe l’opinion hostile des ignorants et des imbéciles si on est compris d’un délicat. Je répète donc que votre estime m’est doublement la récompence de mes travaux. Passant aussi par la bouche d’un homme comme Monsieur Dolent, elle a fait vibrer certaines cordes enfouies intimement au fond de moi. Telle est une petite lumière dans un oeil peint par Carrière. Merci, grand merci, et tout cordialement à vous.
Paul Gauguin